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REVUE DE PRESSE

FRACTIONS 5

 

Professeur retraité de l’Université Laval, spécialiste de littérature médiévale, essayiste patenté (Jacques Ferron malgré lui et Le joual de Troie, parus au début des années 1970), fervent lecteur de San Antonio et romancier qui se fait rare depuis le dernier tome du Triptyque des temps perdus en 1993, Jean Marcel semble avoir trouvé son genre : les fractions. Depuis Bangkok où il habite depuis plusieurs années, Jean Marcel continue de nous envoyer, à sa manière, les signaux discontinus de sa pensée sous la forme de fragments puisés dans ses carnets de notes. Sans être particulièrement ciselées quant à la forme, loin des inscriptions fulgurantes ou abyssales de Louis Scutenaire, ses Fractions 5 nous présentent, en vrac, des éloges du cinéma iranien et du style de Paul Morand, quelques commentaires un peu chagrins sur le progrès technologique, une fenêtre ouverte sur la Thaïlande, le compte rendu d’un séjour de Marguerite Yourcenar à Bangkok en 1983. Aussi : quelques pages inspirées par une retraite dans un centre de méditation bouddhiste thaïlandais, ainsi qu’un long éloge des maîtres de sa vie, de la « petite école » jusqu’à certains de ses meilleurs étudiants. Sans oublier une lettre adressée à la veuve de Pierre Vadeboncoeur, hommage sensible et intelligent à l’ami et à l’auteur des Deux royaumes - « lequel n’a d’équivalent, écrit Marcel, dans aucun temps et aucune littérature (si ce n’est peut-être les Essais de Montaigne, qui se réfugie dans un moment semblable dans la tour de son château) ». La retraite, pour Jean Marcel, est d’abord une position de pensée et d’observation.

 

Christian Desmeules, Le Devoir, 10 novembre 2012.
FRACTIONS 4

 

Après avoir enseigné la littérature à l'Université Laval pendant longtemps, publié quelques romans (dont Hypatie ou la fin des dieux) et des essais remarqués (Jacques Ferron malgré lui, Le Joual de Troie), Jean Marcel vit depuis plusieurs années en Thaïlande, devenue en quelque sorte sa terre d'adoption. Depuis ce pays « où les rois furent poètes », nous parvient un quatrième volume de carnets, Fractions 4, réunissant cette fois pensées et observations consignées depuis 1996.Poursuivant loin d'ici un patient travail de décentrement de soi, « la plus troublante expérience de ma vie », écrit-il, il est sans doute normal que le bouddhisme et l'art thaï s'infiltrent de plus en plus dans les réflexions de l'essayiste, qui semble plus serein que dans les volumes précédents.Observateur privilégié du grand écart Orient-Occident, Jean Marcel assène, sans en avoir l'air, quelques coups de coude bien placés aux « cultures crépusculaires » dont il est lui-même le produit : « Le propre d'une identité forte et vivante est précisément de ne savoir se définir, de n'avoir aucune raison de devoir le faire ». Et quant au Siam, terre de soleil et de sourires, sa déclaration d'amour est éloquente : « Je ne peux pas dire que je le connais, je le sens, comme si j'y avais vécu des temps très longs dans des vies très denses ».

 

Christian Desmeules, Le Devoir, 21 novembre 2010.

2010 - present

2010 - present

FRACTIONS 3

 

Pouvant [...] revendiquer une longue carrière de professeur de littérature à l'université, médiéviste, essayiste (Le Joual de Troie, Jacques Ferron malgré lui) et romancier, Jean Marcel nous livre [...] un troisième tome de ses Fractions, constitué d'extraits choisis de carnets remplis pendant une quarantaine d'années — les deux premiers avaient paru en 1996 et en 1999 à l'Hexagone. Bon vivant un brin pessimiste, parfois grincheux et lapidaire, lecteur de San Antonio et de Cioran, Jean Marcel nous rappelle que « livre et libre ont la même racine (sans commentaire) ». On trouvera entre autres dans ces carnets un long hommage à Jean-Éthier Blais, le récit de la genèse de son roman Hypatie ou la fin des dieux (Leméac, 1989), des fragments sur la musique, un rapprochement entre Rutebeuf et Gaston Miron, un regard sensible sur l'humanité. Mais aussi des réflexions plus personnelles, notamment sur son état d'esprit après l'échec du premier référendum, qui nous donne quelques clés pour comprendre son exil en Thaïlande, loin de ce « pays ennemi » qui s'appelle Canada.

 

Christian Desmeules, Le Devoir, 1er novembre 2009.
 
 

Dans Fractions 1 (L’Hexagone, 1996), l’écrivain québécois commentait le titre qu’il donnait à ses fragments : « un magma de tentative de réfléchir, de décrire ou de ressentir, comme autant de fractions infiniment multipliables entre le zéro et l’unité ». Le sous-titre du livre, Carnets, en indique d’autre part l’orientation biographique : elle se révèle par exemple dans ce récit de la genèse de la superbe trilogie romanesque, Hypatie ou la fin des dieux, Jérôme ou de la traduction et Sidoine ou la dernière fête, ou dans les réflexions sur le référendum du 20 mai 1980 qui vit l’échec des partisans de l’indépendance du Québec : on reconnaît alors l’ancien militant et son beau talent de polémiste qu’on avait pu admirer dans le truculent et furieux Joual de Troie (contrairement à ce qu’on croit souvent en France, le joual n’est ni le vieux français, ni celui des premiers immigrants ni, suivant une expression horripilante, la « savoureuse » parlure de la Belle Province), avec des accents, quand il s’agit de l’avenir du Québec, moins désespérés ou amers que désenchantés et, quand il s’agit du Canada, d’une violence de mépris qui laisse pantois. Pour ma part, j’ai été séduit par ce qui est dit de la poésie (« recréer dans le langage, qui n’est pas tout à fait prévu ni conçu pour cela, les conditions de l’état de musique »), de la traduction (« Avec tout ce qu’il suppose, il n’est pas d’acte culturel plus élevé que la traduction »), par les propos sur la prose de Claudel « brute, parfois brutale, qui tient toujours du poème, parfois du délire quasi surréaliste », sur Paul Morand, sur le catalogue des vaisseaux chez Homère (« des noms étranges de bateaux à jamais disparus, dont les sonorités, de ce fait, confinent à l’abstraction la plus pure — une pure prière à la mer, sinon la prière même de la mer adressée à l’éternité »), par telle page, éblouissante, sur Saint-Simon, telle autre, virtuose, sur De Gaulle et Malraux. Et comment ne pas admirer, de ce médiéviste, élève et ami de Claude Régnier, de Paul Zumthor et de Pierre Bac, les évocations de Villon et de Rutebeuf ?

 

Y. A., Le Bulletin des Lettres, no 685, novembre 2009.
LE JOUAL DE TROIE

 

Oeuvre du romancier et médiéviste Jean Marcel, dont l'érudition en matière de linguistique est renversante, Le Joual de Troie, d'abord publié en 1973 et récemment réédité dans la collection « Bibliothèque québécoise », est un pamphlet jubilatoire contre une certaine idéologie joualisante. Dans une prose parfois baveuse et parfois lyrique, le spécialiste de Jacques Ferron y brocarde avec brio les tenants d'une prétendue «langue québécoise» qui, en fait, n'existe pas. Le génie de Marcel, dans cet ouvrage, est de démontrer avec fougue, d'un point de vue souverainiste, que c'est bel et bien le français qui est la langue du Québec et que prétendre le contraire revient à faire le jeu des adversaires de notre libération collective.Marcel n'a rien d'un puriste. Son point de vue est étranger à l'idée du «bien perler, c'est se respecter». Il insiste plutôt sur le caractère politique de la question linguistique. Le joual, c'est-à-dire non pas le français populaire mais le franglais, est le symbole de notre aliénation globale. Pour s'en libérer, les campagnes du bien-parler ne nous seront d'aucun secours. C'est la souveraineté politique qu'il nous faut, pour renouer pleinement avec la liberté et avec le monde, dans un français affranchi non de sa tradition mais de sa folklorisation, attribuable à notre asservissement sociopolitique et économique.Ce brillant essai, à certains égards, a vieilli. Les deux auteurs avec lesquels ferraille Jean Marcel sont, par exemple, depuis longtemps oubliés. Ce qui n'a pas pris une ride dans cet ouvrage, ce sont les savantes considérations linguistiques que nous sert Marcel au sujet des rapports entre les mots et le réel et grâce auxquelles il nous fait comprendre que l'espace — notre expérience américaine, par exemple — n'a pas l'impact profond sur la langue que plusieurs lui attribuent. Les tenants de la thèse de notre «américanité» — et de sa présumée inévitable influence sur notre langue — voient ici leur position solidement ébranlée.Au fond, ce que dit Jean Marcel dans Le Joual de Troie, c'est qu'il n'y aura pas de Québec français sans Québec libre, et vice versa.

 

Louis Cornellier, Le Devoir, 10 janvier 2009.
 

C’est un pamphlet de premier ordre et comme seule une société dans laquelle s’agitent des questions tenues pour vitales peut en inspirer. Celui-ci est le produit d’une conscience personnelle profonde de la politique aussi bien que de la culture. Il a été écrit dans une période qui avait des chances de pouvoir un jour être considérée comme historique, et c’est visible.Je l’ai lu dès sa première parution comme une découverte, avec enthousiasme. Je ne connaissais absolument rien de l’auteur. Ce qui tout de suite m’a captivé, c’est l’écriture agile, la dialectique redoutable, l’ironie, la science, et finalement aussi le bon sens […]. Il n’existe pas de pamphlet de cette force dans notre littérature.

 

Pierre Vadeboncœur, « Préface » au Joual de Troie (édition de 1982).
TRISTAN ET ISEUT

 

Un double désir a présidé à l’élaboration, après tant d’autres, de la présente traduction de Jean Marcel : il s’agissait d’une part de ne point trop trahir la parole d’origine, ni surtout celle à laquelle se voyait confié le soin de nous révéler le poème de Wagner ; et l’excellence du résultat est telle qu’on est en droit de croire, sans toutefois quitter la certitude que ce texte est bien du musicien-poète allemand du 19e siècle, que ce poème vient tout juste de naître pour nous du cœur même de notre langue. Il importait, d’autre part, au traducteur-poète, de rendre disponible pour la scène une version spécifiquement théâtrale, affranchie du chant et de l’orchestre, tant il lui apparaissait que la dramaturgie wagnérienne se suffisait à elle-même et devrait être enfin livrée à l’expérience d’une scène non chantée ; aussi, ne s’étonnera-t-on pas d’assister ici ou là, pour ces besoins nouveaux, à de brèves suppressions, à des condensations réussies, voire à de légères additions, toutes ces altérations étant rendues nécessaires par l’absence de la musique. Ainsi conçu, le Tristan et Iseut devient d’une lecture à la fois complète, enchanteresse et très heureusement simplifiée. La somptueuse et ardente fresque d’illustrations que Mikie Assif a créée pour accompagner le texte nous enseigne qu’il est toujours possible de renouveler de façon absolue et heureuse une iconographie dont la tradition est aujourd’hui séculaire.C’est ainsi que ressurgit à nouveau pour nous, issu d’un long travail de collaboration de deux grands artistes dans leur commune confrontation au génie de Wagner, un des plus haut chant d’amour de l’histoire de l’humanité. Et le livre aux mille splendeurs qui le raconte en constitue sans aucun doute le plus bel hommage que pouvait rendre une jeune et florissante culture du Québec à l’occasion du centenaire de la mort, à Venise le 13 février 1883, de l’auteur immortel du Tristan und Isolde.

 

Charles Dutoît, « Préface » de Tristan et Iseut.
PENSÉES, PASSIONS ET PROSES

 

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SOUS LE SIGNE DU SINGE

 

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